Comme son nom l’indique, l’EPI – équipement de protection individuelle- doit, pour être efficace, vous protéger de votre situation de travail en s’adaptant à l’individu que vous êtes. Un EPI n’empêche jamais un accident d’arriver, il ne supprime pas non plus le danger mais il limite les conséquences d’une exposition ou d’un accident. Pour bien choisir son EPI, il faut évaluer les dangers auxquels vous êtes exposés et la probabilité d’apparition d’un dommage, immédiat (accident) ou à long terme (maladie professionnelle), liée cette exposition.
Les EPI sont envisagés et utilisés que lorsqu’une protection collective est impossible ou insuffisante. Ils ne sont jamais préférés à une protection collective hormis, dans quelques rares cas, où le travail est exceptionnel et de courte durée. Le choix sera alors d’autant plus important, précis et étudié que vous n’êtes pas habitué à travailler ainsi équipé.
Des obligations conjointes pour l’employeur et le travailleur
Bien choisir ses EPI c’est évaluer la source du danger ainsi que le mécanisme d’apparition de l’accident ou de la maladie professionnelle afin de déterminer les critères de choix de l’EPI; il en existe pour toute la silhouette, de la tête au pied, protégeant tout ou partie de votre corps : masque, demi-masque, écran facial, lunettes, gants fins ou épais, manchettes…. Aucune partie du corps ne peut être négligée en regard des offres disponibles sur le marché.
L’employeur doit évaluer les risques (Article 4121-2 du Code du travail) afin de fournir les EPI qui vont permettre de “réduire les expositions à un niveau qui ne dépasse pas les valeurs limites d’exposition” (Article R. 4452-17 du Code du travail). Parfois la réglementation simplifie le choix des EPI en imposant un type de protection selon le danger constaté, comme l’arrêté du 7 mars 2013 dans le cas de l’exposition à l’amiante.
De son côté, le travailleur doit, “conformément aux instructions qui lui sont données (…) prendre soin, en fonction de sa formation et selon ses possibilités, de sa santé et de sa sécurité” (article 4122-1 du code du travail). C’est d’ailleurs pour cela que les EPI nécessaires à la tâche sont toujours accessibles et disponibles en permanence (Article R 4323-99 du code du travail).
Bien sélectionner ses EPI
Bien choisir ses EPI c’est aussi protéger que ce qui doit l’être et en limiter les contraintes d’usage. Par exemple, si vous devez utiliser un produit chimique qui n’est nocif que pour la peau, pourquoi protéger les voies respiratoires ? Si au contraire la substance est inoffensive pour la peau, pourquoi mettre des gants, si le poste ne présente pas en plus de dangers mécaniques ou thermiques ? Et si les bottes doivent être vraiment résistantes aux hydrocarbures dans lesquels vous pourriez être amené à marcher, vous n’êtes peut être pas obligés de prendre le modèle renforcé, si aucun risque de chute d’objet n’existe. La section 8 de la FDS du ou des produits utilisés est appropriée pour vous aider dans votre choix. Les versions les plus récentes font même la distinction entre les différentes situations de travail, comme l’immersion ou le risque de projection pour les mains quand il faut choisir la matière adaptée de ses gants. Bien choisir ses EPI, c’est avoir une ou des protections simples à porter et enlever sans renoncer à la qualité de la protection.
Bien choisir ses EPI c’est enfin considérer le contexte d’exposition dans sa globalité et retenir le confort comme un critère incontournable. Certains EPI sont contraignants. Par exemple, plus une cartouche a un spectre large de protection aux vapeurs, plus elle est lourde. Plus la combinaison est étanche pour un milieu contaminé plus elle présentera des zones de frottements avec vous, souvent avec votre peau. Résistez à la tentation de l’économie : plus vous devez porter votre équipement longtemps dans la journée, plus le critère de confort est non négociable et cela a une incidence directe sur le coût de l’EPI : si on a envie d’enlever son EPI, c’est qu’on l’a mal choisi !
Bien utiliser ses EPI
Bien choisir ses EPI c’est évaluer la fréquence et la durée d’exposition en connaissant le temps de résistance de l’équipement. Savez-vous que n’importe quelle substance traverse un gant fin, de protection chimique, au bout de 45 mn ? Que même avec une norme d’étanchéité, un gant épais ne peut résister plus de 8 heures ? Souvent moins ? Choisirez-vous des gants en latex ou des gants en nitrile ? Et pourquoi ? Pour votre masque, connaissez-vous le délai maximum du remplacement de la ou des cartouches? Cette information se trouve sur la notice du fabricant, toujours fournie. N’utilisez jamais votre masque après la limite indiquée sur la cartouche, même si vous l’avez peu porté : les actifs absorbants dans la cartouche ont une efficacité limitée, d’autant plus si vous les laissez, après usage, à l’air libre dans un environnement pollué.
Les EPI livrés avec des notices sont indiquées par un i sur l’emballage. Lisez-les lorsque vous utilisez le produit pour la première fois. Vous apprendrez en 5 minutes les bonnes habitudes qui vous serviront tout le temps. Vous saurez non seulement comment utiliser votre nouvelle protection mais également comment vérifier son efficacité, la nettoyer quand c’est possible et la ranger entre deux utilisations. Vous penserez alors à enlever vos bijoux avant d’enfiler un gant fin et comprendrez pourquoi il faut vous laver les mains avant et après. Mais ne jamais mettre de crème avant de travailler avec des produis chimiques. Vous penserez à ajuster la pince nasale de votre masque à poussière pour s’assurer que les particules ne passeront pas par l’espace créé au niveau des ailes du nez.
Bien choisir et utiliser ses EPI, c’est aussi être égoïste. La protection est individuelle : même peu portée, une paire de lunettes ou un écran facial ne se prêtent pas, si l’hygiène n’en est pas garantie, ou imposée via une notice de poste – il est dommage de s’être protégé de molécules, particules, poussières et vapeurs et aérosols pour finir avec le rhume ou la conjonctivite de son collègue.